Le Kbis : une formalité suffisante pour les bailleurs ?
Le Kbis est la carte d’identité juridique de l’entreprise : il présente la raison sociale, la forme juridique, l’adresse du siège, l’identité du dirigeant et un certain nombre de mentions légales, comme le capital social ou la date d’immatriculation. Lorsqu’un entrepreneur souhaite s’installer dans un local commercial, ce document est systématiquement demandé par le bailleur, car il permet de vérifier l’existence légale de la structure. Toutefois, dans de nombreux cas, les propriétaires se montrent de plus en plus exigeants, en particulier dans une ZFU, et vont requérir des garanties et pièces complémentaires avant de s’engager.
La question est donc de savoir dans quelles situations le Kbis, pris seul, pourrait suffire. La réponse dépend de la politique de gestion du bailleur, de la notoriété et de l’expérience de l’entreprise candidate au bail, ainsi que de la valeur du local commercial. Un bailleur ayant déjà subi des loyers impayés sera logique plus prudent, indépendamment de l’existence ou non d’une implantation en ZFU. D’autres considèrent que travailler avec des entreprises en zone franche offre des garanties indirectes, car elles ont accès à des dispositifs publics de soutien. Quoi qu’il en soit, pour une entreprise en phase de création ou de démarrage, il peut s’avérer nécessaire de présenter des garanties financières, un historique comptable ou la caution d’un tiers.
Que contient le Kbis ?
Le Kbis dresse le portrait officiel de l’entreprise auprès du Registre du commerce et des sociétés (RCS). Au sein de ce document, on retrouve :
- La dénomination sociale : nom officiel de l’entreprise.
- L’adresse du siège : aspect fondamental pour vérifier la domiciliation.
- La forme juridique : SARL, SAS, auto-entrepreneur (en fait micro-entreprise), etc.
- Le nom du dirigeant : la personne légalement responsable.
- Le capital social : indication des ressources de départ pour certaines formes juridiques.
Il indique également d’autres données telles que le tribunal dont relève la société, son numéro SIREN, ou encore l’activité déclarée. Pour être recevable, le Kbis doit être daté de moins de trois mois au moment de la signature du bail. Les bailleurs y attachent de l’importance, car une entreprise qui ne dispose pas d’un Kbis à jour ou qui ne peut pas en produire est peut-être en cessation d’activité ou n’a pas finalisé ses démarches d’immatriculation. Dans le cadre d’une ZFU, le Kbis prouve certes que l’entreprise existe, mais n’apporte pas toujours assez de détails pour rassurer pleinement le bailleur sur la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements.
Pourquoi les bailleurs le réclament-ils ?
Présenter son Kbis aux bailleurs est une façon de prouver que l’entreprise est régulièrement constituée et qu’on ne se trouve pas dans une situation de faux-semblant. Dans certains cas, des entrepreneurs tentent de signer un bail alors que leur société n’est pas encore formellement créée, ce qui est déconseillé, car cela peut poser des problèmes juridiques et financiers. Les bailleurs souhaitent donc, en toute logique, éviter les litiges. Le Kbis est un premier filtre qui leur permet de confirmer la légitimité de l’interlocuteur. Toutefois, face à la hausse des risques d’impayés et la volonté de sécuriser un investissement dans un local commercial, il n’est pas rare que les propriétaires demandent des documents supplémentaires.
Dans une ZFU, l’environnement est parfois plus fragile, et certains bailleurs estiment qu’il est indispensable de contrôler la stabilité financière de la structure ou la solidité du porteur de projet. On voit, par exemple, des demandes récurrentes de bilans comptables, d’une garantie bancaire, d’une caution solidaire du dirigeant ou d’autres formes de contre-garantie. Le bailleur souhaite minimiser au maximum le risque d’une entreprise qui fermerait brutalement, laissant le local vacant et engendrant des coûts non prévus. Le Kbis est donc une pièce nécessaire, mais il ne met pas définitivement les bailleurs à l’abri des aléas économiques.
Est-ce suffisant pour contracter un bail en ZFU ?
On le comprend, le Kbis n’est qu’un point de départ dans l’esprit de la majorité des bailleurs. Lorsque la prise à bail concerne un local implanté en Zone Franche Urbaine, l’enjeu n’est pas seulement l’existence légale de l’entreprise, mais aussi sa capacité à générer un chiffre d’affaires solide pour pérenniser son activité. Surtout dans le Val-d’Oise, département où la concurrence peut être vive dans certains secteurs (restauration, services aux entreprises, commerce de détail), les propriétaires préfèrent s’assurer que le locataire n’est pas seulement « en règle », mais dispose aussi de perspectives réelles.
Sur un plan juridique, rien n’interdit au bailleur de louer un local à une entreprise qui ne présenterait qu’un Kbis. C’est un choix contractuel, néanmoins, il faut se rappeler que le bail commercial engage les parties sur le long terme. L’absence d’autres garanties peut être plus acceptable pour un bailleur s’il est confiant ou s’il milite pour encourager l’activité entrepreneuriale locale. En revanche, dans la pratique, la majorité des propriétaires vont demander des proofs de solvabilité et des justifications spécifiques aux avantages de la ZFU pour être rassurés. C’est là qu’intervient souvent la présentation d’autres documents : statuts de la société, plan de financement, attestation de non-faillite, etc.